Qui est Satoshi Nakamoto ? Pourquoi Craig Wright a-t-il tant voulu convaincre le monde d’être le créateur du bitcoin ? Que de rebondissements dignes d’un thriller.
Si les mystères du bitcoin peuvent être élucidés rapidement à l’aide de quelques articles de vulgarisation, le secret autour de son créateur reste entier. Journalistes du monde entier comme enquêteurs amateurs : depuis la création du bitcoin en 2009, chacun joue les Sherlock Holmes pour tenter de le démasquer. Ce n’est pas une histoire de passe-temps favori. Comme on le verra plus bas, savoir qui a la paternité du bitcoin peut être d’une importance capitale.
Et le créateur est… Satoshi Nakamoto
En 2015, le créateur du bitcoin a même été proposé à la nomination pour le Prix Nobel de l’économie. Ce serait une reconnaissance pour une invention marquante du 21e siècle, dixit le membre du jury l’ayant proposé, le professeur Bhagwan Chowdry. Cependant, en s’exprimant publiquement sur la nomination du créateur du bitcoin au Nobel d’économie, Chowdry pourrait avoir violé les règles officielles du prix. Le professeur s’est en effet révélé en tant que membre du jury, ce qui est interdit.
Les rebondissements ne cessent d’agiter la Toile. Tour à tour japonais, irlandais, australien, étudiant, ingénieur, ce que l’on sait vraiment, c’est que l’on ne sait rien. L’illustre inconnu souhaite conserver l’anonymat.
Des magazines d’économie ou d’investigation ont régulièrement prétendu avoir démasqué l’inventeur du bitcoin avant que ce dernier ne démentisse. En 2014, Newsweek était persuadé d’avoir percé le mystère à jour : Dorian Satoshi Nakamoto, un américain d’origine japonaise de 65 ans, serait sans doute possible le père du bitcoin. Plus récemment, Nathaniel Popper du New York Times, fait part dans son livre The Tale of Bitcoin de sa certitude. Pour lui, l’inventeur anonyme du bitcoin n’est autre que Nick Szabo, un développeur américain. Il a, lui aussi, rapidement démenti.
L’affaire Craig Wright
Plus étonnant, l’entrepreneur australien Craig Wright a, dans une déclaration solennelle, revendiqué la paternité du bitcoin le 2 mai 2016.
Des figures connues du monde du bitcoin, tel que l’un des chercheurs de la Bitcoin Foundation, ont soutenu cette revendication. Cette dernière a cependant rapide Plus étonnant, l’entrepreneur australien Craig Wright a, dans une déclaration solennelle, revendiqué la paternité du bitcoin le 2 mai 2016. ment été mise en doute par de nombreux journalistes et internautes.
Sommé d’apporter des preuves irréfutables, Craig Wright a supprimé l’intégralité du contenu de son blog; seule y persiste une nouvelle déclaration énigmatique. Il y explique avoir craqué face à la pression et les nombreuses accusations dont il est l’objet depuis sa déclaration. Ni réel démenti, ni preuve irréfutable, le communiqué laisse le mystère entier.
Enfin, certains estiment qu’il est si difficile de démasquer le créateur du bitcoin parce qu’il n’y a pas un seul créateur. Il s’agirait plutôt d’un groupe de personnes dissimulé sous le patronyme de Satoshi Nakamoto.
Mais pourquoi tant vouloir être le créateur du bitcoin ?
La gloire, l’argent,… On peut beaucoup spéculer sur les raisons qui pousseraient des gens à vouloir se prévaloir d’avoir créé le bitcoin ?
La London Review of Books a publié, le 21 juin dernier, une investigation détaillée sur Craig Wright, l’Australien dont nous venons de parler. L’auteur et journaliste Andrew O’Hagan a passé 6 mois avec Wright. Pendant cette période, l’Australien a été au centre de la tempête médiatique autour de sa revendication. L’investigation explique les motivations financières très fortes qui sont derrière la soi-disant paternité de Wright.
O’Hagan détaille l’accord avantageux que Wright a conclu avec l’entreprise canadienne de paiements en pair-à-pair nTrust. Un ami de Wright a donc convaincu nTrust que Wright est Satoshi. Cette certitude a poussé nTrust à racheter les sociétés d’informatique de Wright. Beaucoup parmi celles-là ont été en liquidation. Il en allait de même des droits sur divers titres de propriété intellectuelle pour la somme de 15 millions USD.
Le tout a été opéré via une société nouvellement créée et appelée nCrypt. L’idée était de revendre ces titres et brevets après la révélation publique que Craig Wright est Satoshi Nakamoto. L’affaire ainsi rondement menée aurait rapporté dans le milliard de dollars US.
Wright a lamentablement échoué d’apporter les preuves qu’il est le véritable créateur du bitcoin. D’après l’article d’O’Hagan, Wright aurait fait machine arrière par peur d’être sous les coups de la loi. Ainsi, Wright aurait eu peur d’être traîné en justice car des malfrats ont utilisé des bitcoins pour acheter des armes. Cette histoire s’est révélée fausse, elle aussi.
Une investigation qui n’est pas près de se clore
L’article parle en détails des déboires – réels, eux – que Wright a avec le fisc australien. En réalité, Wright n’a jamais payé les impôts sur ses gains réalisés grâce à ses avoirs en bitcoin. De plus, ses entreprises australiennes ont bénéficié de ristournes d’impôts à hauteur de 54 millions AUD au titre de crédits R&D. Il s’agit de la plus grosse réduction jamais accordée en Australie dans le secteur des TIC.
L’article décrit encore plein d’incohérences et de contradictions. En somme, il ajoute une crédibilité certaine à l’idée que Wright a organisé une fraude à grande échelle. Cela revient à revendiquer la paternité du bitcoin comme moyen de se renflouer et d’échapper au fisc australien. D’après Reuters, Wright continue à étoffer son portefeuille de titres de propriété intellectuelle, donc on pourrait s’attendre à d’autres rebondissements.
Et quant au créateur du bitcoin, l’enquête n’est pas près de se clore !
Initialement écrit pour le Blog de Bity SA.