La deuxième conférence internationale sur l’édition scientifique en libre accès a eu lieu à Prague entre le 22 et le 24 août 2010. Elle est organisée par OASPA (Open Access Scholarly Publishers Association). Les premiers résultats du projet Open Access y ont été présentés.
Ce projet est financé par la Commission Européenne dans le cadre du Programme 7 « Science et Société », pour la période mars 2009 – février 2011. L’objet principal est d’établir la demande de publication à accès ouvert et la proportion d’articles adoptant ce mode de diffusion. Les informations sont recueillies auprès de maisons d’édition, agences de financement et libraires.
Les principales questions auxquelles répond l’étude sont :
- Combien d’articles combien de journaux ?
- Combien de maisons d’édition pratiquent ce mode de publication ?
- Dans quelles disciplines, sous quelles licences ?
- Qui finance ces publications ?
Combien ?
Les journaux pratiquant la publication à accès ouvert publient des articles en anglais. 90% des éditeurs publient moins de 100 articles par an ; 1/3 du total, les 2/3 restant sont publiés par les 10% d’éditeurs. Les 14 plus gros publient 30% des articles (soit 40 000 publications dans 616 journaux).
Quelles thématiques ?
2/3 des journaux sont dédiés aux thématiques aux sciences, techniques et médecine (STM) ; le 1/3 restant – aux sciences sociales et humaines (SSH). Ainsi, 3/4 des articles publiés en accès ouvert sont dans le domaine STM contre 1/4 du domaine SSH. Les auteurs de cette étude remarquent que les « gros éditeurs » publient exclusivement des articles STM.
Quelles licences ?
12 des 14 gros éditeurs utilisent les licences Creative Commons : plus précisément, 82% utilisent CC-by, les 18% restant : CC-by-NC. De côté des « autres » éditeurs, seulement 21% utilisent Creative Commons et 10% déclarent que les « auteurs de l’article gardent le copyright dessus ».
Quelle attitude envers la publication à accès ouvert ?
Par ailleurs, une enquête a été lancée pour connaître les pratiques de publication des chercheurs et autres personnes faisant les contenus. L’enquête vise aussi l’obtention d’informations sur l’attitude vis-à-vis de ce mode de publication. Au total, les auteurs de l’étude estiment avoir interrogé plus de 1,5 millions de personnes à travers d’un questionnaire disponible pendant 3 mois et le total des réponses recueillies est supérieur à 50 000 ; 86% des personnes interrogées sont des chercheurs en activité. 37% des interrogés déclarent avoir publié entre 1 et 5 articles. Cette proportion est à comparer aux 2% seulement de ceux ayant au moins 50 à leur actif.
Ainsi, parmi les répondants, 20% sont dans la recherche depuis moins de 5 ans, 41% – depuis 5 à 14 ans, 21% depuis 15 – 24 ans et les 18% restant – depuis plus de 25 ans. Les États-Unis mènent de loin avec plus de 7 000 personnes parmi les répondants, l’Allemagne et le Royaume-Uni suivent de près avec presque 3 000. La France vient en 9e position, avec un peu plus de 1 000 répondants.Sans grande surprise, les sciences de la vie et la médicine sont les disciplines dans lesquelles on a le plus grand nombre de répondants, suivies par les sciences sociale, l’informatique et les mathématiques.
89% des personnes estiment que la publication OA est bénéfique pour leur domaine de recherche (contre 4% disant le contraire). Les auteurs signalent qu’il n’y a pas de différences significatives selon l’ancienneté et le nombre d’articles publiés par les répondants. Dans le classement par pays, le Mexique, le Portugal et le Brésil sont en tête parmi ceux qui estiment que ce type de publication est bénéfique.
Quelle proactivité ?
À la question : « Combien d’articles en accès ouvert avez-vous publié pendant les dernières 5 ans ? », 53% des interrogés déclarent entre 1 et 5 articles contre 29% déclarant 0. La répartition par discipline montre que les sciences de la vie contiennent le plus grand nombre de ceux ayant publié entre 1 et 5 articles dans des revues OA (60%+). Les disciplines où les interrogés déclarent 0 articles OA pendant les 5 dernières années : l’astronomie, les sciences spatiales, les sciences de l’ingénieur et la chimie (40%+).
Comme raisons de ne pas publier, 42% des interrogés n’en trouvent pas ; parmi ceux en ayant, 39% déclarent que le financement a été problématique ; 26% estiment les revues OA ne sont pas assez prestigieuses. Néanmoins, lorsqu’on demande quels sont les montants des frais payés pour la publication à accès ouvert de leur dernier article, 50% des gens déclarent qu’ils n’ont rien payé. Par comparaison, 12,6% déclarent avoir payé entre 500 et 1 000€, et 10% – entre 1 000 et 3 000€. Pour 28% des interrogés, les financements pour la recherche qu’ils ont incluent les frais de publication ; pour 24% l’institution où ils travaillent a payé la note. Enfin, 31% déclarent que le financement qu’ils ont pour faire de la recherche n’inclue pas les frais de publication ; ils ont donc dû trouver cet argent ailleurs.
Quelques autres résultats préliminaires sont cités. En conclusion, les auteurs de l’étude précisent qu’ils n’ont touché que le sommet de l’iceberg. Il est nécessaire de réfléchir pour savoir quelles questions supplémentaires doivent être posées aux volontaires et aux données déjà recueillies.
La présentation des résultats peut être consultée ici (pdf).
Crédit image (CC-by-SA 3.0)
Les commentaires sont fermés.